Bon, je vous épargne mes déboires administratifs pour avoir l'autorisation de la mairie d'évacuer des gravats en plein centre ville. Disons juste que j'ai réussi à trouver la bonne adresse mail, et qu'au lieu de leur demander l'autorisation, j'ai fini par simplement les informer qu'on allait le faire à telle date (technique à retenir d'ailleurs!)
Nous voilà donc tous pimpants (enfin aussi pimpante que je peux l'être un samedi à 8h du mat quand je sais que je vais porter des trucs toute la journéee...) au comptoir de kiloutou.
Déjà là, on apprend que la goulotte, ça pèse un peu plus de 10 kg par mètre... Calcul rapide (sur mes doigts hein, je vous rappelle qu'il est toujours 8h) pour en arriver à la charmante conclusion que voià, y aura juste plus de 1OO kg de goulotte...
Ensuite on apprend pas grand chose parce que le mec sait pas trop comment on la monte, mais il paraît que y a un ptit dessin sur le catalogue, donc on devrait trouver comment faire.
450 euros de caution plus tard (arghhhhhh), nous voilà fièrement dans le camion sans frein arrière de M. Cacahuète, avec notre belle goulotte bleue.
Et c'est à que les ennuis commencent : la fenêtre est trop profonde, la fixation ne tient pas... Mais bon, on bidouille, et c'est arrangé.
Alors hop, une corde par la fenêtre, et on hisse les 100 KG (enfin je dis on, mis moi j'étais juste spectatrice).
Grosse galère, à en juger par les têtes toutes rouges et les cris de douleurs de mes deux ouvriers... qui se retrouvent coincés au niveau de la gouttière...
Ben oui, on est sous les combles, donc au-dessus de la gouttière, et il y a une décrochement juste énorme, qui empêche la goulotte de monter.
Là franchement, j'ai cru qu'on allait devoir tout ramener chez kiloutou, et évacuer tout à la main et aux jambes, dans les escaliers.
Mais j'ai rien dit... C'est simple, tellement ils galéraient, moi j'ai juste pas pipé mot : même quand Eric etait suspendu à la fenêtre par les pieds pour essayer de décoincer le bordel, j'ai même pas laissé échapper un « fais attention mon coeur, je voudrais pas trop que tu meures pour une histoire de plâtre »... Non, rien du tout. Même quand j'avais une idée, je la gardais pour moi, tellement j'avais peur d'en rajouter une couche... Qu'il y en ait un qui me balance un carreau de plâtre en plein visage, à moi, la fille qui porte pas, qui tire pas sur la corde, qui est pas en train de mourir depuis 2h et à qui on demande juste de rien faire, rien dire...
Alors oui, aussi surprenant que ca puisse paraitre, j'ai pas ouvert la bouche, et j'ai fermé les yeux.
Et j'ai eu bien raison : ils ont asssuré comme des chefs.
Ca a pris deux heures, quatre bras, des litres de sueur et des tonnes de persévérance, mais ils l'ont fait : la goulotte est là, prête à englouttir des tonnes de plâtre pour les rejeter trois étages plus bas. Là on rigole bien : c'est assez bruyant, très poussiéreux, et super impressionnant, mais ça avance vite. Certes il faut porter les carreaux, les casser pour qu'ils passent, tout en faisant attention à pas tuer un piéton par accident, mais la pièce se vide.
Ensuite petit tour à la déchetterie... De laquelle on se fait jeter comme des malpropres parce que « les bennes sont pleines, on attend les camions, et non, le plâtre ça va pas dans les gravats donc vous pouvez pas benner direct du camion »...
Arghhhhh... Merci la CA2M, ça a bien servi de vous téléphoner pour avoir des infos...
On change donc de déchetterie, et on vide tout... à la main... Et là, je me rends compte que tout ce plâtre, je l'ai juste porté 4 fois : On l'a cassé, puis transporté dans la chambre, puis jeté dans la goulotte, puis jeté dans la benne... Autant dire que le plâtre et moi, on est des grands copains...
Mais bon, on prend notre mal (de dos, de bras, de jambes) en patience, et on continue... 3 camions, et hop, la pièce est vide... La rue est ruinée, c'est plus qu'un tas de poussière, on voit plus rien à 2 mètres, mais c'est fait. Et ça, ben franchement, ça fait plaisir...
Là ça coince...
on tire d'un côté, puis de l'autre
et hop, c'est fait !
La bête, le serpent de l'espace, est en place.